Inlassablement, Emmanuel Mousset poursuit ses rencontres avec celles et ceux qui façonnent l’histoire de notre ville. Cette fois, place à Frédérique Macarez, une femme d’action plus que de réflexion qui, depuis 2016, occupe le poste de maire de Saint-Quentin. Avec simplicité,
elle a accepté de se prêter au jeu du questionnaire de Proust…
Il n’y a pas que la politique dans la vie du maire de Saint-Quentin. Pour en savoir un peu plus, le questionnaire de Proust est une bonne base. Sa qualité préférée ? La générosité. Son principal trait de caractère ? Le sens du devoir qu’elle doit à son éducation : Frédérique Macarez a vécu à la ferme dans une famille nombreuse. Assez jeune, il fallait donner un coup de main dans les champs de betteraves. Une existence agréable mais pas facile.
Chez les amis, elle apprécie la simplicité : une rencontre à la bonne franquette, genre auberge espagnole, lui va très bien. Le maire de Saint-Quentin n’est pas du style à se torturer l’esprit avec des questions, des hypothèses ou des plans sur la comète : son enfance a été une chance ; par la suite, elle a fait les bonnes rencontres qui l’ont conduite là où elle est. Réaliste et rationnelle, elle prend les choses comme elles arrivent : « Même s’il faut les deux, je suis plus une femme d’action que de réflexion. Dans l’action, je m’accomplis. »
Son défaut principal ? Gaffeuse ! « Je me prends les pieds dans tout et la porte dans la figure. La marche
ratée, c’est pour moi. » De retour d’Asie, cette tête en l’air oublie sa valise dans l’avion. Ou bien elle monte dans une voiture qui n’est pas la bonne. « Je suis gauchère et gauche », résume-t-elle. Pour ces actes manqués, madame le maire doit-elle consulter ? « Non, ce sont des étourderies dues à une trop forte concentration. J’ai pris le parti de faire bonne figure et de m’en amuser. » Ouf !
En Histoire, elle est fascinée par la figure de Cléopâtre
Sa couleur préférée est le bleu lumineux, celui qu’on trouve dans le drapeau français ou le ciel d’Espagne, pays où elle aimerait vivre parce qu’elle est méditerranéenne de cœur. La fleur qui égaie son domicile, ce sont les orchidées, six ou sept plantes : « Elles durent et ne sont pas compliquées à entretenir. Et puis, c’est un émerveillement de voir le bouton éclore. On se demande comment c’est possible. » Le chien est l’animal dont elle apprécie la compagnie, le teckel plus précisément, en souvenir de son enfance : il s’appelait « Ultime ».
Côté culture, Frédérique Macarez privilégie Saint-Exupéry, choix logique pour une femme d’action :
« Cet écrivain est aussi un aventurier qui se met en danger. Ses livres n’ont pas du tout vieilli. » En Histoire, elle est fascinée par la figure de Cléopâtre dont elle connaît la vie dans le détail : ses ambitions, ses amours, sa fin tragique. Le maire de Saint-Quentin va-t-il jusqu’à s’identifier à la reine d’Egypte ? Non, elle n’a pas l’intention de fonder un empire ni de mettre fin à ses jours en se laissant mordre par un cobra.
S’il vous vient à l’idée d’inviter madame le maire à dîner chez vous (rappelez-vous Giscard en son temps), ne mettez pas nécessairement les petits plats dans les grands. Des croquettes de crevettes grises, pain, beurre et vin blanc lui feront plaisir, en souvenir de sa grand-mère maternelle, d’origine belge. à défaut, un osso bucco conviendra très bien. Pendant le repas, elle appréciera en musique de fond Jean-Louis Aubert ou Lady Gaga. La soirée pourra se poursuivre devant un dvd : la trilogie du « Parrain » de Coppola ou un Tarantino sont dans ses goûts. C’est un peu violent mais Frédérique n’est plus une enfant. Avant de la quitter, une promenade digestive rue du Général-Leclerc est conseillée : madame le maire adore la perspective qu’offrent de nuit le pont de la Gare et la montée de la rue d’Isle.
Qu’est-ce qui fait rire Frédérique Macarez ? « Les Grosses Têtes » qu’elle écoute dans sa voiture ou bien « Les Tontons Flingeurs » quand le film repasse à la télé. Et de quoi rêve-t-elle ? Avoir le temps et le don de dessiner, croquer sur le vif en noir et blanc un portrait ou un paysage lors de ses randonnées qu’elle affectionne tant, par exemple au bord du littoral : « Je suis quelqu’un de très visuel. » Il y a aussi le sport dans la liste de ses activités « à faire », stretching en tête.
Dans l’idéal, avec qui aimerait-elle partager un repas ? « Un ex-otage, Jean-Paul Kauffmann ou Florence Aubenas, pour savoir comment ils ont pu tenir. » Au milieu de quel événement historique Frédérique Macarez aurait-elle voulu être présente ? « La chute du mur de Berlin. »
Proust ne pose pas la question, mais Jacques Chancel : Et Dieu dans tout ça ? « J’y pense par réflexe. Ma foi est intuitive. Nous faisons partie d’un tout, il y a des choses plus grandes que nous. Je ne prie pas vraiment mais je garde en mémoire la prière des scouts, dont j’ai été membre. » Une retraite au monastère pourrait tenter madame le maire afin de se recueillir, de méditer. Tout comme faire le chemin de Compostelle dont Saint-Quentin est d’ailleurs une étape. Mais avant de se retirer provisoirement du monde, Frédérique Macarez doit retourner à son bureau et traiter des affaires de la Ville. Le plus difficile des deux n’est pas forcément celui qu’on croit.