Classé aux Monuments historiques depuis 1991, le Familistère de Guise est loin d’être cet édifice poussiéreux que certains imaginent. Entre cures de jouvence et projets innovants, le Palais social a plus que jamais les yeux tournés vers l’avenir. Frédéric Panni, directeur et conservateur en chef du patrimoine, nous en dit plus…
Le Familistère fourmille de projets, dont l’un concerne l’implantation d’un hôtel dans l’aile gauche du bâtiment…
– Frédéric Panni : « Nous menons de concert plusieurs gros projets, dont l’un concerne l’aile droite où nous allons aménager de nouveaux logements sociaux en partenariat avec CDC Habitat. Un autre projet, qui s’épanouit depuis quelques années, concerne effectivement l’aile gauche, dont les façades et la toiture ont été intégralement restaurées de 2015 à 2020. Il reste maintenant à aménager les espaces intérieurs qui, à terme, sont destinés à accueillir ce que nous avons appelé le « Familistère Campus ». Autrement dit, un lieu doté d’un hôtel, de services de restauration, de salles de formation mais aussi d’espaces consacrés à des services d’économie sociale et solidaire. »
Pour l’heure, vous êtes encore en phase de réflexion…
– Frédéric Panni : « La phase de réflexion est déjà bien avancée et se poursuit au sein de « l’association de préfiguration du Familistère Campus » que nous avons créée en avril dernier et qui rassemble nos principaux partenaires, à commencer par le Conseil départemental de l’Aisne. »
La surface disponible pour ce projet ?
– Frédéric Panni : « L’aile gauche compte environ 6 000 m2 sur cinq niveaux en incluant les combles mais nous ne savons pas encore si nous allons exploiter cette surface en totalité. Ce qui est sûr, c’est que l’hôtel comptera entre 100 et 200 lits, nécessitant d’aménager une belle surface. Notre projet est résolument ambitieux, tout en ayant une pertinence pour le territoire. »
Qui dit campus, dit étudiants. C’est le public que vous allez viser en priorité ?
– Frédéric Panni : « Oui, mais des étudiants de nature très différente, dont beaucoup relèveront sans doute de la formation professionnelle. Dans l’Aisne, comme dans l’ensemble de la Région, la question de la formation reste cruciale et à notre niveau, nous allons peut-être apporter une pierre à l’édifice. Le campus aura sans doute vocation à servir de trait d’union entre la formation et l’insertion professionnelle. »
Le futur hôtel du Familistère sera-t-il également en mesure d’accueillir des touristes ?
– Frédéric Panni : « Bien sûr ! Notre hôtel devra être conçu pour répondre à une diversité de besoins. D’ailleurs, il faut que le spectre soit suffisamment large pour avoir un taux d’occupation le meilleur possible. Il est évident que ce projet doit être économiquement viable. Mais il faudra être inventif ! »
A quelle date peut-on imaginer une ouverture ?
– Frédéric Panni : « Tout ne sera pas nécessairement ouvert en même temps mais j’espère voir l’activité du Familistère Campus démarrer d’ici seize à vingt-quatre mois. L’idée est d’aller relativement vite. »
Avec ce Campus, vous avez le sentiment que le Familistère va franchir une nouvelle étape ?
– Frédéric Panni : « Ah oui ! C’est une étape importante La partie patrimoniale n’est pas achevée mais le Familistère dispose déjà d’une belle assise. Pour moi, ce Campus représente l’avenir des lieux mais aussi son accroche à la société du temps présent. » B.D.
Fin des travaux de la façade sud
– Alors que la façade du pavillon central, donnant sur la place principale, avait déjà fait l’objet de deux campagnes de travaux en 2015 et 2019, un nouveau chantier avait été lancé en octobre 2022. Au menu : découverture, restauration de la charpente, couverture en tuiles et ouvrages en zinc d’évacuation des eaux pluviales, nettoyage des parements de briques par cryogénie, changement des huisseries contemporaines ou défectueuses, réfection des tableaux des fenêtres et rejointoiement des briques de parement…
Pas moins de neuf mois de travaux pour mener à bien ce vaste chantier qui s’est achevé cet été, permettant à la façade, une fois débarrassée de ses échafaudages, de retrouver toute sa superbe…
