Hommage à Moustaki

Avec sa gueule de métèque, de juif errant, de pâtre grec, voilà dix ans que Georges Moustaki nous a quittés… Cyril Mokaiesh, l’un des fers de lance de la nouvelle chanson française, a décidé de lui redonner vie à travers un album de reprises mais aussi sur scène avec un tour de chant théâtral qui sonne comme un formidable hommage. A découvrir le 17 novembre prochain à la MCL de Gauchy. Rencontre…
Pourquoi cet album de reprises de Moustaki ?
– C.M. : « On m’a d’abord proposé une pièce de théâtre sur la vie de Georges Moustaki et je dois avouer que je connaissais très mal son œuvre, son parcours. Je me suis alors plongé dans son autobiographie et j’ai découvert un homme passionnant avec une vie très riche. Et puis, on a tous les deux en commun un héritage oriental, un goût pour la poésie, les chansons, l’engagement, les rencontres, les voyages… Tout cela m’a passionné et la pièce de théâtre s’est finalement transformée en concert théâtral. Un spectacle qui raconte la vie de Moustaki à travers ses chansons, depuis sa naissance à Alexandie jusqu’à sa mort dans le sud de la France. »
Pour l’album, il vous a fallu faire une sélection de douze titres. Comment s’est orchestré le choix ?
– C.M. : « J’ai beaucoup écouté, beaucoup découvert aussi. J’ai finalement choisi les chansons au gré de mes coups de cœur, mais aussi en tenant compte d’une certaine cohérence musicale. J’aime qu’on ne s’ennuie pas un écoutant un disque et pour cela, il faut des contrastes, des changements de tempo, des ambiances différentes… »
Quand j’étais môme, il y avait un seul disque de Moustaki qui traînait à la maison, sur lequel figurait la chanson « Et pourtant dans le monde » que j’aime beaucoup et qui figure sur votre album. Parlez-nous de ce morceau…
– C.M. : « C’est amusant parce que c’est la première chanson de Moustaki qu’on m’a fait écouter, il y a deux ans en vacances. J’étais avec mon ami producteur, qui avait en tête cette idée de spectacle sur Moustaki et en entendant ce morceau, je me suis dit : Ah d’accord, il écrit des choses comme ça ! Des chansons à la fois poétiques et engagées, sans être dans la revendication. Ferré, par exemple, aurait écrit un texte plus fermé, plus noir. Avec Moustaki, il y a toujours une ouverture sur l’homme. On retrouve son optimisme amer et son pessimisme gai qui traversent son œuvre. Je me suis reconnu dans cette posture. »
Vous serez bientôt en concert à Gauchy. Ça donne quoi Cyril Mokaiesh sur scène ?
– C.M. : « C’est vachement bien ! (rires) C’est un beau spectacle je crois, simple, avec une mise en scène plutôt sobre et des musiciens qui me ressemblent. C’est vrai qu’il m’arrive de me dire : mais qu’est-ce que je fais là, habillé en blanc en train de chanter du Moustaki ? Mais au fond, je sais pourquoi je le fais, parce que ses chansons sont belles, parce que sa vie me plaît et qu’elle est inspirante. En m’appropriant ses chansons, j’oublie parfois que je fais un spectacle hommage. Et les spectateurs le ressentent, ne savent plus trop qui est en train de s’adresser à eux, si c’est moi ou si c’est le personnage que j’interprète. J’aime beaucoup cette confusion… » B.D.
C. Mokaiesh en concert à la MCL : vendredi 17 novembre à 20 h. Première partie : Feu Minéral. Tarif plein : 16,20 €. Billetterie sur mclgauchy.fr. Album « Le temps de vivre ».