Frédérique MACAREZ optimiste pour 2024 – « Souhaitons de la sérénité pour cette nouvelle année ! »

Après une série de crises inédites (guerre en Ukraine, hausse de l’énergie, inflation record…) qui ont lourdement impacté les finances de la Ville, Frédérique Macarez aborde la nouvelle année avec l’espoir de voir les tensions enfin s’apaiser. L’optimisme étant le meilleur des moteurs, le maire de Saint-Quentin affiche sans complexe la volonté de faire de 2024 une année constructive…
L’année 2024 est déjà bien entamée mais il n’est jamais trop tard pour exprimer ses vœux. Que souhaitez-vous aux Saint-Quentinois ?
– F.M. : « Avant toute chose, de la sérénité ! Mais aussi davantage de légèreté dans leur quotidien après plusieurs années difficiles, notamment sur les questions de pouvoir d’achat qui ont touché l’ensemble des Saint-Quentinois. Et puis, je souhaite que chacun concourt à maintenir un esprit de cohésion. Nous vivons tous ensemble, avec à la fois des droits et des devoirs et cela nécessite des efforts collectifs, sinon ça ne peut pas fonctionner. Nous avons tous besoin de souffler un peu. Ça serait bien que cela soit possible en 2024 ! »
Si la crise énergétique n’est pas résolue, on entrevoit une éclaircie avec une baisse du prix de l’électricité et du gaz. Vous avez du même coup décidé d’assouplir certaines mesures de sobriété énergétique…
– F.M. : « L’énergie reste pour la Ville très chère. Moins chère qu’en 2023 avec des tarifs multipliés par 6 par rapport à 2021. Le prix du MWh en 2023 était de 388 €, contre 70 € en 2021. Sur 2024, ça va un peu mieux mais ça reste très élevé : 205 € le MWh. Ça veut toutefois dire qu’on peut se permettre d’assouplir certaines mesures tout en restant raisonnable. Notre priorité a été de travailler sur la question de l’éclairage public avec les conseillers de quartier, qui ont récemment été invités à s’exprimer sur la question à travers un vote participatif. Il en est ressorti deux mesures qui s’appliqueront progressivement jusqu’au 31 janvier. Vient d’abord un élargissement des horaires d’éclairage plébiscité par les votants : désormais, l’extinction de l’éclairage public se fera de minuit à 4 h 30 durant la semaine et de 2 h à 4 h 30 le week-end. Ensuite, les votants se sont prononcés pour une remise en lumière des bâtiments patrimoniaux jusqu’à 23 h. Et on arrête avec l’éclairage d’un lampadaire sur deux. »
Malgré un contexte difficile, Saint-Quentin semble tirer son épingle du jeu sur le plan économique…
– F.M. : « C’est le point positif sur le territoire. L’année 2023 a été compliquée sur beaucoup de points mais on peut tout de même se réjouir de voir le chômage enregistrer une baisse de 7 % en deux ans. Notre impératif, c’est non seulement de garder nos entreprises mais c’est aussi d’en faire venir d’autres. Nos efforts sont payants. Le parc des Autoroute voit ainsi arriver la société Chausson Matériaux, tandis que l’entreprise Houtch finalise la construction d’un nouveau bâtiment. Idem avec le groupe Aunde qui conforte son implantation à Saint-Quentin. On peut aussi citer Technologies & Habitats qui s’installe sur une ancienne friche de la ZAC Saint-Lazare. D’autres acteurs continuent de nous faire confiance, à l’image de L’Oréal qui prévoit une extension de ses deux usines avec des embauches à la clé. A tel point que nous cherchons aujourd’hui à agrandir nos zones d’activités avec l’acquisition de nouveaux terrains. »
La situation est en revanche un peu plus compliquée pour les commerces, notamment ceux du centre-ville. Allez-vous continuer à les aider et de quelle manière ?
– F.M. : « Nos commerces n’ont malheureusement pas été épargnés par la baisse du pouvoir d’achat qui, l’an dernier, a touché tous nos concitoyens. Et puis, sur le plan national, un phénomène s’est accentué avec la disparition de grandes enseignes qu’on a toujours connues et qui sont sorties du paysage. Je pense notamment à Camaïeu, qui a dû fermer ses portes sur la place de l’Hôtel-de-Ville mais qui a depuis été remplacé par une autre enseigne. Et puis, à Saint-Quentin plus spécifiquement, on a eu un troisième phénomène qui est loin d’être négligeable avec le départ à la retraite de plusieurs commerçants qui arrivaient en fin de carrière. Mais on continue d’avoir à Saint-Quentin des indépendants et des franchisés volontaires avec de beaux commerces. Pour cela, il faut impérativement que les prix des loyers correspondent aux possibilités du marché. Du côté des associations de commerçants, nous disposons d’une enveloppe de 120 000 € pour les animations. Avec le dispositif « Saint-Quentin Commerce », pas moins de 100 000 € de subventions sont réservés aux commerçants qui investissent pour développer leur activité et embellir leur boutique. Enfin, avec l’Agglo du Saint-Quentinois, ce sont 120 000 € supplémentaires qui, cette année encore, vont permettre de soutenir nos commerces et nos artisans. Quoi qu’il en soit, il faut aussi rappeler aux clients qu’ils doivent jouer le jeu s’ils veulent garder leurs commerces de proximité. Et n’oublions pas le stationnement gratuit le samedi. »
La plus grosse enveloppe du budget de la Ville est consacrée à la jeunesse (12 M€). Cela reste votre priorité absolue ?
– F.M. : « Oui, à la fois sur les écoles et sur les études supérieures. Nous comptons aujourd’hui dans la ville plus de 2 500 étudiants et il faut tout mettre en œuvre pour permettre à nos jeunes de faires des études à Saint-Quentin et de rester sur le territoire. Cette année va démarrer la construction d’une Maison des étudiants et d’une résidence étudiante au faubourg d’Isle. Même chose pour le bâtiment qui accueillera l’école d’ingénieurs Jules-Verne ainsi que l’antenne locale de l’Institut d’administration des entreprises. Et puis, nous continuons d’investir dans les écoles et tout ce qui favorise la réussite de nos enfants. Il faut faire confiance à la jeunesse, il faut l’encourager mais en même temps, il faut être attentif à l’accompagner avec de bons principes. Quand on donne une gratuité sur quelque chose, je trouve normal qu’il y ait une action citoyenne en retour. C’est précisément le cas avec la « Bourse au permis de conduire » : on en paye une partie, à hauteur de 500 €, et en contrepartie les jeunes accomplissent un certain nombre d’heures dans nos services… La jeunesse mérite toute notre attention puisque c’est elle qui dessinera le futur de notre territoire. Mieux elle est accompagnée, mieux elle peut poursuivre son chemin de réussite et mieux le territoire s’en portera. »

Cette année, dès la rentrée de septembre, le port de l’uniforme va être expérimenté dans trois écoles publiques. Quelles en sont les modalités ?
– F.M. : « L’idée, c’est de balayer les distinctions qui peuvent exister entre les élèves, qu’ils soient tous sur le même pied d’égalité. L’uniforme doit aussi renforcer le sens du collectif, une valeur à mes yeux fondamentale. Il n’y aura pas de reste à charge pour les parents puisque l’uniforme sera financé à 50 % par l’Etat et 50 % par la Ville. Je souhaite naturellement associer les écoles sur le choix de la tenue unique, qu’elle soit à la fois confortable, pratique au quotidien et adaptée aux saisons. Il faut aussi imaginer un signe distinctif pour chaque école, à travers une couleur ou un blason. On va tester ça sur deux ans, on verra ce que ça donne. En tant que maire, je suis prête à expérimenter plein de choses susceptibles de nous amener à vivre mieux. »
De nombreux projets immobiliers devraient aboutir à Saint-Quentin en 2024…
– F.M. : « Le logement est un indicateur précieux de la santé d’une ville. Saint-Quentin ne manque pas de dynamisme dans ce domaine, quel que soit le quartier. Du côté d’Europe, les opérations menées dans le cadre du Nouveau Programme de Renouvellement Urbain vont s’intensifier : 948 logements seront requalifiés et 341 seront démolis au cours de l’année. Dans le faubourg d’Isle, sur l’écoquartier du Maréchal-Juin, les 74 logements de la résidence « Marianne by Clésence » seront livrés en début d’année. Dans le centre-ville, la résidence seniors Chœur Saint-Quentin du parvis de la basilique sera achevée cet été et accueillera ses premiers locataires. Enfin, dans le quartier de Remicourt, la friche entre les rues de Lunéville et Louise-Hugues sera démolie dans le courant de l’année. Ce qui permettra, à terme, la construction d’une trentaine de maison. »
Comment vont évoluer cette année les travaux d’aménagement du parvis de la basilique ?
– F.M. : « Pour le parvis, l’idée c’est de mettre les bouchées doubles en 2024. On a encore un gros chantier à venir avec la construction de deux bassins de rétention des eaux pluviales. Quand on voit ce qui se passe autour de nous, notamment dans le Pas-de-Calais, il faut qu’on ait des infrastructures adaptées pour faire face aux aléas climatiques. Une fois ces deux bassins réalisés, je souhaite qu’on embraye immédiatement sur la construction du parking. On a libéré la rue Adrien-Nordet, ce qui a grandement facilité la circulation, on a créé de nouvelles places de parking devant la basilique et dans la rue Anatole-France mais je voudrais vraiment qu’on libère du stationnement pour le centre-ville. C’est là-dessus qu’on va se focaliser. Viendront ensuite les aménagements esthétiques du parvis de la basilique, qui seront moins impactants. »
Comme partout en France, la sécurité reste l’une des préoccupations majeures des Saint-Quentinois. La Ville répond-elle à leurs attentes ?
– F.M. : « La protection des personnes et des biens sont effectivement des attentes fortes des Saint-Quentinois et sont l’une des grandes priorités de la Ville. De manière générale, la délinquance est un fléau qu’il faut éradiquer. C’est à l’Etat qu’incombe la responsabilité d’assurer la sécurité sur notre territoire mais la Ville mène aussi des efforts soutenus dans ce domaine. Chaque année, nous consacrons plus de 3 M€ à la sécurité avec la police municipale, la médiation et la vidéo-protection. 11 nouveaux sites ont d’ailleurs été identifiés pour l’installation de 22 caméras supplémentaires en 2024. Mais ceci ne peut être qu’un complément à l’action de l’Etat. Sa réponse doit être des plus fermes vis-à-vis de ceux qui mettent à mal la sécurité et la tranquillité de la population. Je salue au passage Anis Ouejhani, qui vient d’être nommé à la tête du commissariat de Saint-Quentin et avec qui nous allons travailler en parfaite collaboration. »
2024, année olympique… Comment va-t-on fêter à Saint-Quentin les JO de Paris ?
– F.M. : « C’est une grande fierté pour la Fance d’accueillir les Jeux olympiques. Je me réjouis aussi de voir des sportifs saint-quentinois appelés en équipe de France pour participer aux JO. On peut citer Rudy Gobert pour le basket, Benoît Brunet et peut-être les sœurs Cornut-Danjou pour l’aviron, Camille Lutz pour le tennis de table, Vincent Fagnon et Didier Richard pour le paralympique… On espère qu’ils reviendront tous avec des médailles. Et puis, on aura la chance d’accueillir la flamme olympique le 17 juillet juste avant le démarrage des JO à Paris. Ce sera pour tous une journée de fête. »
Propos recueillis par Bertrand Duchet