Frédérique MACAREZ battante et exigeante – « La solidarité : oui, l’insécurité : non ! »

 

Au fil des ans, c’est devenu une tradition : à chaque rentrée, une fois la parenthèse estivale refermée, Saint-Quentin Mag pousse la porte du bureau de Frédérique Macarez pour évoquer avec elle l’actualité de notre ville. Travaux, zone 30, taxe foncière, SQBB, animations, implantations d’entreprises, vie étudiante… Tour d’horizon des principaux sujets qui préoccupent les Saint-Quentinois…

Le début de l’été a été marqué par les émeutes urbaines qui ont profondément choqué et meurtri les Français. Saint-Quentin n’a malheureusement pas échappé à la « règle ». En tant que premier magistrat, comment avez-vous vécu ces événements ?
– F.M. : « Comme pour tous les Saint-Quentinois, et plus particulièrement les habitants du quartier Europe, ça a été un véritable choc. On a tous encore en tête les images de cette nuit de violence, marquée par la peur et dont on mesure encore les conséquences dans la vie quotidienne. Le supermarché Auchan, par exemple, a complètement brûlé et la structure du bâtiment a été touchée. C’est dire que les travaux à mener sont extrêmement importants et vont durer de longs mois. Au quotidien, c’est très pénible pour les habitants. Aujourd’hui, on se bat pour que le quartier retrouve ses couleurs, ses magasins, mais aussi pour accompagner la population et les commerçants. Et puis, on attend que des sanctions soient prononcées à l’encontre de ceux qui se sont rendus coupables de pillages et de dégradations. J’ai d’ailleurs sollicité le sous-préfet et Madame le
Procureur à ce sujet… »
Le centre-ville vit aujourd’hui au rythme des travaux. Avec le rétablissement de la circulation à double sens dans la rue Adrien-Nordet, on a un peu l’impression de voir le bout du tunnel. Vous confirmez ?
– F.M. : « Nous avions promis d’achever début septembre les gros travaux engagés dans la rue Adrien-Nordet, face à la basilique. Un engagement qui a été tenu. Mais cela a été une prouesse ! Je tiens à saluer tous les ouvriers qui ont travaillé sur ce chantier de jour, de nuit, dans le froid, dans la chaleur, sous la pluie… Grâce à eux, nous avons pu rétablir la circulation à double sens le 2 septembre. »
L’aménagement du parvis de la basilique s’annonce comme le plus gros chantier de votre mandature. Où en est-on ?
– F.M. : « On commence à découvrir ce que cela donnera en phase finale. Un lieu extraordinaire et même s’il faut encore un peu d’imagination, on verra dans quelque temps cet écrin parfaitement mis en valeur au cœur de notre ville. S’il est toujours difficile de fixer un calendrier, on peut déjà poser des jalons. Et on avance bien ! Concernant les fouilles archéologiques, elles devraient s’achever en janvier. Nous avons maintenant deux bassins de rétention à aménager sous le parvis de la basilique pour régler les questions d’eaux pluviales. Parmi nos priorités, il y a naturellement l’aménagement d’un parking près de la Poste. Retrouver des places de stationnement est essentiel pour la vie du commerce. »
à ce propos, vous avez décidé de maintenir en septembre la gratuité du stationnement le samedi en centre-ville. Pour combien de temps encore ?
– F.M. : « Eh oui, le samedi, c’est gratuit à Saint-Quentin ! Pour le moment, on continue cette opération qui profite aux automobilistes. Par contre, nous allons nous montrer plus attentifs à la rotation des véhicules. Si certains sont garés depuis la veille et restent en place toute la journée du samedi, cela pénalise les clients qui viennent faire leurs emplettes en centre-ville et qui peinent à trouver une place de stationnement. L’intérêt d’un parking payant dans les rues commerçantes, c’est de faire bouger les voitures. Il faut donc éviter que la gratuité provoque l’effet inverse. Mais jusqu’à nouvel ordre, la gratuité est maintenue en centre-ville chaque samedi. »
Cet été, l’hyper-centre est passé en zone 30. Pourquoi cette décision ?
– F.M. : « Il y a de fortes aspirations des habitants à la sécurité routière. C’est vraiment une thématique qui revient régulièrement dans les réunions de quartier ou via Allô Mairie. Sur le centre-ville, on avait déjà bon nombre de rues limitées à 30 km/h, mais il y avait une absence de cohérence. Telle rue à 30, telle autre à 50… Ça nous a donc semblé plus logique mais aussi plus pratique pour les usagers de limiter à 30 km/h tout le centre-ville situé à l’intérieur de la ceinture des boulevards. C’est une bonne mesure qui fera malgré tout l’objet d’une évaluation. Il faut rester à l’écoute des habitants pour prendre les dispositions qui s’imposent. »
Evoquons maintenant le patrimoine, avec la basilique qui va bientôt retrouver son orgue. Lequel a été intégralement restauré grâce à une très large mobilisation…
– F.M. : « On a une basilique extraordinaire, mais on a un orgue encore plus extraordinaire puisque son buffet nous a été offert par Louis XIV en personne !
Cet orgue a eu plusieurs vies. Il a notamment été démantelé pendant la Première Guerre mondiale et n’a repris du service qu’en 1967 avec un nouvel
instrument. Plus de 1,2 M€ viennent d’être investis dans sa restauration.
J’en profite pour inviter tous les Saint-Quentinois à venir saluer le retour de l’orgue en la basilique les 23 et 24 septembre prochains. » (lire page 8)
Autre sujet, qui reste très sensible à Saint-Quentin : la taxe foncière. Dans de très nombreuses communes, elle a considérablement augmenté…
– F.M. : « La problématique est simple :
l’Etat a décidé l’an dernier que la taxe foncière allait augmenter dans toutes les communes de France, à hauteur de 7 %. Certaines villes sont allées beaucoup plus loin, à l’image de Paris où la taxe foncière a progressé en 2023
de 52 % ! D’où l’intérêt de rappeler qu’à Saint-Quentin, nous n’avons pas
augmenté le taux de la taxe foncière depuis 2008. C’est encore le cas cette année. »
Abordons un sujet plus réjouissant avec le SQBB qui évolue cette saison en Betclic Elite. C’est une vraie fierté pour la ville de voir ainsi l’un de ses clubs jouer au plus haut niveau ?
– F.M. : « Ah oui ! On est très fiers du SQBB qui nous offre de l’attractivité
et de la visibilité à travers un sport populaire. C’est toujours un vrai plaisir de se retrouver au Palais des sports, tous âges et toutes classes sociales confondus. Les soirs de match, on se laisse prendre par cette ambiance
formidable qui enflamme le public.
Surtout les soirs où l’on gagne ! (rires) Cette année, en évoluant en Betclic Elite, on va faire du mieux que l’on peut avec l’un des plus petits budgets du championnat. Mais le spectacle va être au rendez-vous puisque les plus grandes équipes françaises vont venir jouer à Saint-Quentin. Les joueurs comme les spectateurs vont pouvoir se régaler ! »

Sport encore, avec le tout nouveau Pôle sportif qui sera inauguré le 30 septembre prochain…
– F.M. : « Ce nouveau bâtiment accueille deux disciplines, le tennis de table et la gymnastique, qui avaient des problématiques très fortes dans les locaux qu’elles occupaient jusqu’alors. Le Pôle sportif a été conçu dans une démarche « développement durable » avec du bois, de la paille et un raccord au réseau de chaleur du quartier Europe, alimenté par une chaufferie biomasse. C’est dire qu’on dispose d’un bâtiment totalement vertueux sur le plan environnemental. Côté sport, on espère que ce Pôle deviendra une pépinière à champions ! L’autre objectif est de travailler avec la jeunesse, notamment celle du quartier Europe. Quel qu’il soit, un équipement sportif doit pouvoir profiter à tous… »
Ces jours prochains, « Saint-Quentin la Médiévale » va nous inviter à voyager dans le temps… Le dynamisme d’une ville se juge aussi à sa capacité à mettre en œuvre des animations ?
– F.M. : « Ce qui est certain, c’est que les animations doivent concourir à renforcer notre attractivité en faisant venir à Saint-Quentin des gens de l’extérieur. Et puis, c’est fait aussi pour rendre la vie plus belle et plus sympa ! Moi, j’aime bien quand les Saint-Quentinois peuvent régulièrement se retrouver pour partager de bons moments. »
Au chapitre économique, la situation est plutôt encourageante avec notamment une baisse du chômage…
– F.M. : « Effectivement, sur le plan du chômage, on enregistre de bons résultats avec une baisse de 6,7 % du nombre de demandeurs d’emploi en deux ans sur la ville et la communauté d’agglomération. On a également constaté une baisse significative du nombre de RSA. Ce que l’on souhaite maintenant, c’est aller chercher les gens les plus éloignés de l’emploi pour leur permettre de suivre un cursus susceptible de les aider à trouver une place sur le marché du travail. Il faut dire aussi que les perspectives ne manquent pas puisqu’on recrute dans tous les secteurs !
Du côté des entreprises, on vient d’inaugurer l’Abattoir de l’Aisne à Gauchy, symbole de
renouveau. Sur la ZI Le Royeux, on a quasiment tout vendu en trois-quatre ans, à tel point qu’on va manquer de terrains. Sur le Parc des Autoroutes, bon nombre de constructions sont en cours, entre Houtch, Delcar-Aunde et Aïnowa. D’autres implantations sont à venir mais c’est un peu prématuré pour donner des noms. »
Vous avez participé la semaine dernière à la Journée d’accueil des étudiants. Combien sont-ils aujourd’hui à avoir choisi Saint-Quentin pour étudier et se former ?
– F.M. : « Pour cette nouvelle rentrée, ils sont environ 2 500. Leur nombre avait fortement augmenté ces dernières années. Il faut dire aussi qu’on s’est beaucoup battus pour développer des études supérieures à Saint-Quentin, d’autant qu’il y a un cercle vertueux à mettre en place avec les entreprises locales qui ont besoin de main d’œuvre. On a ouvert de nouvelles formations tous les ans. On va d’ailleurs vivre un nouveau temps fort avec les premiers pas de l’école d’ingénieurs publique en logistique intelligente. Je remercie au passage Mohammed Benlahsen, le président de l’Université de Picardie Jules-Verne, qui nous fait confiance depuis plusieurs années. De son côté, le groupe Proméo va consentir un très gros investissement pour réaménager ses locaux de la Zac la Vallée. Saint Jean & La Croix a également un projet de construction pérenne sur l’ancienne friche Sidoux. Et puis, nous avons signé cet été un permis de construire pour une nouvelle résidence étudiante près du campus au faubourg d’Isle. Bref, ça bouge dans l’enseignement supérieur ! Il faut continuer sur cette lancée. »
Autre sujet d’actualité : l’arrivée récente à Saint-Quentin d’un certain nombre de SDF qui semblent poser problème…
– F.M. : « On a effectivement rencontré des difficultés avec l’arrivée d’une nouvelle population de personnes itinérantes dans le cœur de ville, avec à la clé des rixes, des violences volontaires et bon nombre d’incivilités. Des commerçants et des habitants nous ont fait des remontée à ce sujet, ce qui m’a amenée à signer un arrêté visant à réglementer l’occupation abusive des espaces publics. Ce qui est clair, c’est qu’à l’approche des JO de 2024, notre ville n’est absolument pas disposée à accueillir les individus dont Paris ne veut plus. Nous avons toujours fait preuve d’engagement en matière de solidarité envers les plus fragiles, notamment avec le Centre communal d’action sociale (CCAS) qui , avec un budget annuel de 4,3 M€, est chargé de mettre en œuvre la politique sociale de la municipalité. Nous ne laissons personne au bord du chemin mais chaque concitoyen se doit de respecter des règles. En clair, oui à la solidarité, non à l’insécurité. »

Propos recueillis par Bertrand Duchet