


Premier producteur mondial de fibre de lin, la France compte profiter de la hausse de la consommation en Inde et en Chine pour gagner de nouveaux marchés. Une ambition partagée par le lin axonais qui espère bien lui aussi partir à la conquête du monde ! Eh oui, on l’ignore trop souvent, mais les betteraves et les céréales ne sont pas les seules cultures à faire la richesse de notre département.
Au fil du temps, le lin a su se faire ici une place au soleil. à tel point que l’entreprise Le Lin Français, spécialiste du teillage, est venue implanter une toute nouvelle usine à Barenton-Bugny, près de Laon. Une unité de production aux dimensions imposantes
(13 000 m2 de bâtiments sur une surface de 7,5 ha), inaugurée en grandes pompes le 22 octobre dernier.
à sa tête, voici Quentin Decock, 30 ans, troisième génération à entretenir et développer un savoir-faire familial. « L’entreprise a été créée en 1957 par Jean Decock, mon grand-père, à Quaëdypre, dans le Nord, où notre première usine est toujours en activité. »
Pour ces Nordistes, le choix de venir s’implanter dans l’Aisne ne relève évidemment pas du hasard. « Cela fait 35 ans que du lin est produit dans le département. Le marché axonais est d’ailleurs en plein développement et dans la mesure où nous souhaitions accroître nos capacités de production, il nous a paru opportun d’ouvrir une usine à Barenton-Bugny, au plus près des zones de production », indique Quentin Decock.
Alors que l’entreprise transforme déjà 20 000 tonnes de pailles de lin sur son site de Quaëdypre, pas moins de
16 000 tonnes supplémentaires vont pouvoir être traitées dans l’usine axonaise, alimentée par plus de 80 producteurs locaux. Destinée au textile ou à la papeterie, la production du Lin Français est exportée à 90 %, pour l’essentiel en Chine.
Mais pour la petite histoire, le lin axonais est aussi vendu aux Etats-Unis, où il sert notamment à la fabrication des billets de 1 dollar ! Bref, un destin international aux allures de success-story, à laquelle va sans nul doute concourir l’usine laonnoise.
Tout est bien dans le lin !
Si tout est bon dans le cochon, on peut dire aussi que tout est bien dans le lin ! Et cela grâce au teillage, qui consiste à séparer les pailles de lin en différents éléments qui auront tous leur utilisation.
Les fibres longues
– Elles représentent 17 à 25 % de la plante et sont les plus précieuses. Elles sont principalement utilisées dans le textile et depuis peu dans la production de matériaux composites destinés à l’industrie automobile, la construction, etc.
Les fibres courtes
– Représentant 13 à 20 % de la plante, elles sont destinées à la papeterie.
Les graines
– Elles ne constituent que 4 à 7 % de la plante et sont utilisées pour l’essentiel en semences ou, de manière plus anecdotique, transformées en huile non alimentaire.
Les anas
– Représentant 47 à 50 % de la plante, les anas seront valorisés sous forme de paillettes de bois pour le jardinage, les litières animales, l’aggloméré, voire comme combustible pour chaufferie industrielle.
Les poussières
– Enfin, les 10 % restants se composent de freintes et de poussières qui pourront être utilisées comme engrais.
EN CHIFFRES
– Premier producteur de lin au monde, la France cultive le lin sur plus de 75 000 d’hectares, créant plus de 1 300 emplois pour le teillage et le peignage, et générant plus de 250 M€ de chiffre d’affaires. Avec plus de 160 000 tonnes produites et 130 000 tonnes exportées, notre pays est leader dans l’exploitation de l’une des plus vieilles fibres textiles au monde.
– Les Hauts-de-France arrivent en 2e position
en terme de surfaces cultivées (50 000 ha) derrière la Normandie
(85 000 ha). On compte dans notre région 13 sites de teillage.
– Le lin français est reconnu pour sa qualité. Toutes les conditions sont réunies pour cela : le climat, la qualité des terres et l’organisation. La filière du lin en France, ce sont 6 500 liniculteurs, 7 établissements chargés de la production de semences et 24 sociétés réalisant le teillage du lin.