



Voici une enfant du pays dont les Saint-Quentinois peuvent être fiers ! Créatrice de céramiques, Hélène Morbu semble avoir de l’or au bout des doigts. Un talent qui a tapé dans l’œil de la Fondation Ateliers d’Art de France, qui lui a décerné le prestigieux prix « Le Créateur ». En alliant la sobriété des formes avec la richesse des textures, la jeune femme joue les équilibristes entre haute couture et design. Envie d’avoir un aperçu de ses œuvres ? Dans ce cas, partez à la découverte de son exposition « Hyperborée », présentée jusqu’au 13 mars au Palais de l’Art déco. Un voyage aux confins de l’imaginaire où il faut parfois se méfier des faux semblants…
Votre expo est baptisée « Hyperborée ». Expliquez-nous ce titre très énigmatique…
– Hélène Morbu : « Hyperborée correspond à un continent imaginé par les Grecs dans l’Antiquité. Un pays imaginaire situé au nord, par-delà les souffles du froid, une sorte de paradis perdu où la science de la nature domine sur celle de l’homme. Mais à mes yeux, Hyperborée symbolise aussi le Palais de l’Art déco, qui était un lieu à la fois mythique et inaccessible lorsque j’étais enfant. Un lieu resté dans son jus, encore un peu caché parce qu’on y entre par le musée des Papillons. à travers cette expo, je voulais que les spectateurs aient l’impression de découvrir les vestiges d’une cité oubliée. »
Bon nombre de vos céramiques ont l’apparence du cuir ou du rotin. Ça vous vient d’où ce goût pour les trompe-l’œil, les faux semblants ?
– Hélène Morbu : « Cela vient sans doute du fait que je recherche sans cesse de nouvelles textures à réaliser en céramique. Ce que j’aime, c’est de pouvoir transformer la terre pour lui donner une autre apparence. C’est aussi une façon pour moi de trouver ma patte. C’est vrai que certaines de mes pièces ont l’apparence de fibres textile mais à l’origine, c’est plutôt l’architecture, les façades, les bas-reliefs de style Art déco qui m’inspirent. Après, si l’apparence du textile est présente dans mes créations, c’est peut-être parce que ma mère et ma grand-mère faisaient beaucoup de couture. Et puis, j’aime le jeu entre le côté mat de la terre et le brillant de l’émail. C’est précisément ce contraste qui permet de donner une impression de cuir ou de peau de serpent… »
Vous vivez aujourd’hui à Nantes. Quel rapport entretenez-vous avec Saint-Quentin, où vous êtes née et où vous avez grandi ?
– Hélène Morbu : « Je reviens avec plaisir trois-quatre fois par an. Mes parents habitent encore Itancourt et j’ai une grand-mère près de Guise. J’ai ici plein de souvenirs, notamment de Saint-Jean où j’ai fait toute ma scolarité jusqu’en terminale. »
Comment devient-on céramiste. Comment une jeune femme décide un jour d’en faire sa profession ?
– Hélène Morbu : « Disons que ça s’est fait au fil de mes études. Au départ, je suis plutôt scientifique et la céramique fait un peu appel aux maths et à la chimie. C’est peut-être ça qui m’a attirée ! Et puis, je me suis très tôt ouverte aux matières artistiques. Adolescente, je prenais des cours de modelage et de plâtre à l’école Quentin de La Tour. Déjà toute jeune, je m’intéressais davantage à la sculpture qu’au dessin. Mais c’est pendant mes études aux Beaux-Arts que j’ai vraiment commencé à m’intéresser à la céramique avec l’envie de travailler au sein d’un atelier. » B.D.
« Hyperborée » : jusqu’au 13 mars au Palais de l’Art déco (14, rue de la Sellerie). Entrée gratuite.