« LA GUERRE DES LULUS » Rencontre avec l’auteur de la BD picarde

Le grand jour est arrivé pour « La guerre des Lulus », visible partout en France depuis le 18 janvier. Un film réalisé par Yann Samuell, pour beaucoup tourné dans l’Aisne lors de l’été 2021, du site abbatiale de Saint-Michel au Familistère de Guise, en passant par Tertry et Trefcon. Un film aux accents picards, qui relate l’histoire de cinq gamins de chez nous (Lucas, Ludwig, Luigi, Lucien et Luce) livrés à eux-mêmes alors que la Première Guerre mondiale vient d’éclater… Mais « La guerre des Lulus », c’est d’abord et avant tout une bande dessinée à succès, signée par deux Amiénois, Régis Hautière (scénario) et Hardoc (dessin). Depuis le lancement de la BD en 2009, pas moins de huit tomes ont été publiés avec à la clé plus de 350 000 exemplaires vendus ! Histoire sans doute de lui porter chance, c’est un vendredi 13 (janvier) que le film a été présenté en avant-première au public saint-quentinois, en présence du réalisateur et d’une partie des comédiens. Egalement présent, Régis Hautière s’est volontiers prêté au jeu de l’interview…
Heureux de voir votre BD adaptée sur grand écran ?
– R. Hautière : « Heureux mais l’expérience a pour moi été très perturbante ! La première fois que j’ai visionné le film, c’était avec l’équipe de tournage et chacun essayait d’évaluer ce qui allait ou ce qui n’allait pas. Les comédiens comme les techniciens cherchaient la petite bête, ce petit grain de sable qui vient gripper la machine. Du coup, il m’a fallu une seconde projection pour apprécier le film à sa juste valeur. Et je trouve que c’est une vraie réussite. »
Le côté perturbant est peut-être aussi lié au fait que le réalisateur a mélangé plusieurs tomes de votre BD pour pondre un scénario…
– R. Hautière : « Yann Samuell a en effet utilisé les trois premiers tomes ainsi que le sixième pour imaginer une histoire originale. Moi, ça fait plus de 13 ans que je vis avec les Lulus, avec le sentiment de les connaître de l’intérieur. J’ai tellement l’habitude de les faire parler, de les faire penser et de guider leurs réactions… En les découvrant sur grand écran, j’avais un peu la sensation de les voir m’échapper. »
Avec les Lulus, vous mettez en scène une guerre qui a terriblement marqué notre territoire…
– R. Hautière : « Oui, et c’est d’ailleurs notre région qui m’a inspiré cette histoire. On oublie parfois à quel point la Picardie a pu être touchée par la Grande Guerre, dont les stigmates sont encore visibles un peu partout. Mais ce qui m’a vraiment tenu à cœur, c’est de mettre en lumière les territoires occupés par les Allemands durant le conflit, en abordant des aspects qu’on met habituellement sous le tapis. Ce qu’ont vécu les civils dans les zones occupées est trop souvent occulté, voire même ignoré dans les livres d’Histoire. On raconte la guerre des tranchées, pas celle des civils et encore moins de leurs enfants. C’est précisément ce que j’ai voulu mettre en avant à travers les Lulus… »
Au fait, vous avez un Lulu préféré ?
– R. Hautière : « Absolument pas ! Dans chaque personnage, je mets un peu de moi. Au fond, j’ai un peu l’impression d’être un condensé de l’ensemble des Lulus ! »  B.D.
« La guerre des Lulus » : 8 albums BD publiés chez Casterman. Prochain tome à paraître en novembre 2023.

3 500 € récoltés par le rotary

Le 9 novembre dernier, « La guerre des Lulus » a fait l’objet d’une avant-première au CRG Cinéma (quai Gayant), organisée par les deux Rotary clubs de Saint-Quentin. Et ce, pour la bonne cause puisque cette projection a rassemblé 450 spectateurs et a permis de récolter pas moins de 3 500 €, qui profiteront à la recherche fondamentale sur le cerveau. « Chaque année, à l’initiative du Rotary International, dans le cadre de l’opération « Espoir en tête », un film est sélectionné pour être visionné partout en France par 65 000 Rotariens », rappelle Emmanuel Ducrocq, le président du Rotary Saint-Quentin Pastels. Lequel tient à remercier Gilles Michel, membre de son club, qui a permis à « La guerre des Lulus » d’être le film sélectionné cette année pour récolter des dons à l’échelle nationale dans le cadre « d’Espoir en tête ».