Charlélie en live

Chanteur, compositeur, musicien, écrivain, peintre et même photographe… à 66 ans, Charlélie Couture n’a aucunement l’intention de lever le pied ! Alors que son 25e album studio (« Quelques essentielles ») est sorti en mai dernier, il s’apprête à publier ses souvenirs (« Des éclairs de lune ») aux éditions Le Passeur, tout en poursuivant une tournée à travers la France. Il sera d’ailleurs le 22 octobre prochain sur la scène de la Manufacture, où il ne manquera pas d’interpréter sa chanson culte : « Comme un avion sans aile ». Rencontre…

Dans « Quelques essentielles », votre dernier disque, vous faites revivre des chansons déjà enregistrées. Pourquoi ce choix ?
– Charlélie : « Il y a quatre chansons nouvelles dans cet album mais effectivement, j’ai repris des morceaux qui avaient déjà existé avec des arrangements différents. Les arrangements, c’est un peu comme la décoration dans un appartement. On ne change pas les pièces mais on peut tout refaire ! Une chanson comme « Local rock », par exemple, était à l’origine axée sur la musique, avec un côté festif, mais on passait un peu à côté des paroles. En l’enregistrant de nouveau, j’ai préféré avoir une approche beaucoup plus littéraire, davantage axée sur le contenu que le contenant… »
A propos de contenu, vous avez souvent déclaré que « la fonction de l’artiste était de dire les choses ». Vous croyez vraiment au pouvoir de la parole ?
– Charlélie : « Oui, de toute façon, on n’a pas le choix. Vous savez, on est tous avec une certaine vision de soi par rapport à la société et puis quelquefois, on n’a pas le sentiment de se faire entendre. Alors, il y a plusieurs méthodes pour parvenir à s’échapper de sa condition : la drogue, l’activité physique, la méditation, le monde digital ou encore l’expression artistique. Moi, j’ai choisi cette dernière pour faire entendre ma voix, mes convictions d’homme mais aussi d’artiste. »
Depuis toujours, votre cœur balance entre la musique, la poésie, la peinture et même la photo…
– Charlélie : « Mais mon cœur ne balance pas ! Il se trouve que depuis l’âge de 15 ans, je mène en parallèle une activité liée à la musique, une autre liée à la littérature et une troisième liée aux arts visuels. J’ai tendance à me comparer à un triathlète, qui se donne autant dans l’eau, sur sa bicyclette ou quand il court. Tout ça n’est pas du bricolage. Je ne butine pas d’un univers à l’autre, je vis pleinement chacune de mes expériences… »
Vous avez longtemps vécu aux USA, à tel point que vous avez acquis la nationalité américaine. Pourquoi ce choix ?
– Charlélie : « En fait, quand j’ai choisi de devenir américain en 2011, je n’imaginais pas ce qui allait se passer quelques années plus tard avec l’élection de Trump. Je vivais déjà depuis onze ans à New York et il m’apparaissait logique, en devenant citoyen américain, d’assumer la culture que je vivais au quotidien. Et puis, il y a eu l’élection très clivante de Donald Trump, qui m’a donné la sensation que je n’avais rien à voir avec cette Amérique-là. C’est d’ailleurs ce qui m’a poussé à revenir en France. Aujourd’hui, j’ai une lecture plus lucide, plus réaliste des USA, un pays dont on ne veut voir généralement que les bons côtés. »
A votre actif, on compte pas moins de 25 albums studio. Pourtant, vous n’avez jamais été nominé aux Victoires de la musique. Votre réaction ?
– Charlélie : « J’ai rarement été soutenu par le métier. Il n’y a pas longtemps, je suis tombé sur un article qui évoquait les chercheurs pluridisciplinaires qui, de manière générale, sont peu soutenus par leurs pairs. Tout simplement parce qu’ils chamboulent un équilibre qu’on veut plus simple. C’est la même chose avec les artistes. »
Il paraît que vous avez concouru à populariser le prénom Charlélie, qui est en fait la contraction de deux de vos prénoms : Charles et Elie…
– Charlélie : « C’est vrai. A ma connaissance, il y a aujourd’hui 640 individus qui se prénomment Charlélie en France. J’en ai encore rencontré un à Saint-Etienne il y a quelques jours. Je me sens un peu comme le patriarche de cette tribu de Charlélie, qui compte aussi une jeune fille ! »

B. Duchet
En concert samedi 22 octobre à la Manufacture (20 h).
Tarifs : 18 à 25 €.