A 32 ans, Boris Wackmenko exerce un métier qui, sans le feu de la passion, aurait disparu depuis belle lurette : bouilleur ambulant. « C’est Claude, mon père, qui a commencé à exercer cette profession en 1978 du côté des Ardennes. C’est dire que je suis tombé dans la marmite depuis tout petit ! » Dans la marmite ? Disons plutôt dans l’alambic, cet étrange assemblage de pièces de cuivre (marmite, chapiteau, col de cygne, serpentin…) qui permet en un tour de main de transformer des jus de fruits fermentés en eaux-de-vie. « Notre alambic date de 1930. On l’a acheté dans la Marne et servait à l’origine à fabriquer de l’alcool de vin. » Depuis sept ans, Boris a donc repris le flambeau pour exercer ce drôle de métier itinérant qui, d’octobre à juin, le conduit à sillonner une quinzaine de villages répartis entre les Ardennes, la Marne et l’Aisne. Partout où il fait étape, ses clients, pour la plupart des habitués, lui apportent des dizaines de kilos de fruits à distiller. Pommes, prunes, poires, framboises, cerises… Peu importe le fruit pourvu qu’on ait l’eau-de-vie !
Au passage, soucieux du détail, Boris tient à corriger une erreur trop souvent commise. « Mon métier à moi, c’est distillateur ou bouilleur ambulant. Les bouilleurs de cru, ce sont nos clients, c’est-à-dire les récoltants qui nous apportent leurs fruits à distiller. » C’est noté !
Et si Boris nous expliquait comment il obtient ce précieux breuvage fruité qui vous enflamme le palais avant de vous incendier le creux du ventre ? « La distillation consiste à chauffer un moût de fruit fermenté jusqu’à ébullition. Les vapeurs d’alcool s’échappent en premier, passent par une colonne en cuivre et se condensent dans un serpentin. On obtient une première coulée d’alcool pur à 85-90°. On laisse descendre à 30° puis on rajoute de l’eau distillée pour remonter à environ 50°. » D’un fruit à l’autre, le rendement moyen en eau-de-vie varie considérablement : 100 kg de prunes permettront d’obtenir 8 litres de gnôle, tandis que la même quantité en pommes ou en poires ne produira que 6 litres. Après deux semaines passées à Barzy-en-Thiérache (Aisne), Boris Wackmenko vient de reprendre la route pour poursuivre son périple aux effluves fruités. « En Picardie, je suis l’un des derniers bouilleurs ambulants. Le métier tend à disparaître d’autant qu’on ne gagne pas des fortunes. Mais j’estime avoir de la chance de pouvoir vivre d’une vraie passion. » B.D.
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